"Les choses en sont arrivées à un point tel que l'on se demande aujourd'hui qui serait capable d'assumer le monde moderne, non dans quelqu'un de ses aspects particuliers, mais en bloc, jusqu'à en percevoir le sens final. Or ce serait là l'unique point de départ.
Mais il faut, pour cela, sortir du cercle fascinateur. Il
faut savoir concevoir ce qui est autre - se créer des yeux neufs et des
oreilles neuves pour des choses devenues, du fait de l'éloignement, invisibles
et silencieuses. Ce n'est qu'en remontant aux significations et aux visions
antérieures à l'apparition des causes dont découle la civilisation actuelle,
qu'il est possible de disposer d'une référence absolue, d'une clef pour la
compréhension effective de toutes les déviations modernes - et de pourvoir en
même temps d'un rempart solide, d'une ligne de résistance inébranlable, ceux
auxquels, malgré tout, il sera donné de rester debout. Et aujourd'hui,
précisément, seul compte le travail de celui qui sait se tenir sur les lignes
de crête: ferme dans ses principes, inaccessible à toute concession,
indifférent aux fièvres, aux convulsions, aux superstitions et aux
prostitutions au rythme desquelles dansent les dernières générations. Seule
compte. la résistance silencieuse d'un petit nombre, dont la présence
impassible de «convives de pierre »sert à créer de nouveaux rapports, de
nouvelles distances, de nouvelles valeurs, et permet de constituer un pôle qui,
s'il n'empêche certes pas ce monde d'égarés d'être ce qu'il est, transmettra
pourtant à quelques-uns la sensation de la vérité - sensation qui sera
peut-être aussi le début de quelque crise libératrice.
Dans la limite des possibilités de son auteur, ce livre
entend contribuer à cette oeuvre. Sa thèse fondamentale est l'idée de la nature
décadente du monde moderne. Son but est de prouver cette idée, en se référant à
l'esprit de la civilisation universelle, sur les ruines de laquelle a surgi
tout ce qui ,est moderne: ceci comme base de toute autre possibilité."EVOLA, Julius. Révolte contre le monde moderne. Ottawa: Le Éditions de l`Homme, 1972.
Nenhum comentário:
Postar um comentário